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Photo du rédacteurPhilippe Duquesnois

Le Gymnase Vosgien

C'est sans doute dans ce cénacle que fût mis en place, à la toute fin du quinzième siècle, le scénario qui allait mener au baptême de l'Amérique...




C’est donc cette société savante qui a réalisé la première carte de l’Amérique, (Si on ne tient pas compte de Mappa Mundi, la carte de Juan de la Cossa ) et surtout c’est un de ses membres, Hyacomilus (appelé sagement Martin Waldseemüller dans des textes cités plus bas) qui lui a donné son nom. Les géographes et historiens ajoutent toujours « par erreur », les plus honnêtes disent que lors de la publication de sa deuxième carte de l’Amérique, Martin n’indique plus « América ».


On a donc accepté l’idée que le nom de l’Amérique a été donné à Saint-Dié des Vosges en 1507, sans jamais s’étonner de la précision de la carte produite à cette occasion, et des doutes sur l’homme sagace qui prétendait avoir découvert l’Amérique,


Amérigo Vespucci !


Signalons quand même, que beaucoup d’auteurs, entre autre les possesseurs de la dernière carte de Waldseemüller, posent la question : Comment Martin a-t-il fait pour décrire des terres pas encore, officiellement, découvertes ?


Il y a peu, la ville de Saint-Dié s’apprêtait à célébrer dans le faste* le cinq centième anniversaire de cet évènement, voici des extraits de leur site web, avec mes commentaires en italique :


Selon Yves Berger – Dictionnaire amoureux de l’Amérique :


« Saint-Dié, dans les Vosges, donc. La Lorraine avait alors un duc, René II (Petit-fils et arrière petit-fils de Grand Maître du Prieuré de Sion), grand curieux, grand lettré et, à Saint-Dié, opérait un cénacle, le Gymnase Vosgien, qui assemblait, autour d'un chanoine érudit, Vautrin Ludd, un cartographe, un helléniste et correcteur d'imprimerie, un latiniste, (Gregor Reisch, confesseur de l’Empereur Maximilien de Habsbourg et auteur de la Margarita Philosophica, livre illustré d’allégories significatives… auquel ont participé Waldseemüller, Bérard, Masha’Allah pourquoi ne pas citer son nom… c’est loin d’être un inconnu, mais c’est vrai qu’il « fait » allemand ! Rattachée à la Germanie, la Lotharingie ne sera indépendante qu’en 1532, elle ne sera française que plus tard…) le secrétaire du duc et, enfin, Martin Waldseemüller, cartographe.


A ce cénacle qu'il avait distingué, le duc de Lorraine confia le récit des expéditions du navigateur Amerigo Vespucci (Une des lettres d’Amérigo, la première, est dédicacée à René… roy de Jérusalem, mais plus bas dans son adresse, Vespucci rappelle au destinataire qu’ils ont été à l’école ensemble, ce qui est faux. Par contre Vespucci a bien étudié avec un autre Roy de Jérusalem, (le titre était fictif et réclamé par beaucoup de monde… le premier Roy de Jérusalem humain fut le frère de Godefroy de Bouillon), et cet autre roy de Jérusalem c’est Piero Soderini, Gonfalon de la République de Florence… il semble donc, que la lettre était destinée à l’origine à Soderini et non à René, pourtant dans l’édition de Strasbourg, c’est le nom de René qui apparaît !).





Nous voici alors en 1507 (Beaucoup d’auteurs, même semble-t-il Martin Waldseemüller, donnent une date plus tardive – « après la mort de Ringmann », quoiqu’il en soit la première édition du livre est datée de 1509, et fut imprimée par Gruniger à Strasbourg, c’est la dédicace à Maximilien de Habsbourg qui est datée de 1507, « ex oppido divi deodati », autrement dit la ville du divin Déodat (Saint-Dié des Vosges), à noter que Navarette, au dix-neuvième siècle place cette ville en Hongrie ! Sans entrer dans les détails, signalons que lors des procès templiers, le Grand Maître du Temple de Hongrie était Frédérick de Salm, le duché de Salm est situé dans les Vosges… cette famille de Salm est liée à la famille de Bar, nom qui apparaît également dans la dédicace de Vespucci !), quinze ans après le voyage de Christophe Colomb.


« Enthousiasme, chez les savants du cercle, pour ces textes (Ces textes n’avaient rien de savant, ils pouvaient être érotiques ou merveilleux : Amérigo parle des habitudes sexuelles des indiens et voit des « serpents géants ayant des pattes, que les indigènes tiennent en laisse") qui évoquent les terres nouvelles, découvertes il y a peu au-delà de l'Atlantique. Ils arrêtent de dresser une carte, où ils logent le Nouveau Monde décrit par Vespucci.(Pas un mot sur le parchemin grec venant d’un monastère, fait reconnu par Waldseemüller, en tout état de cause les historiens et géographes admettent que cette carte est en avance par rapport aux connaissances de l’époque, s’ils ne donnent pas de réponses, ils posent au moins la question…) C'est un continent bordé d'océans,(« L’autre Océan », ne sera découvert par Balboa qu’en 1514, sept ans après la publication de la carte !) bien distinct de l'Asie et donc plus proche de la singularité physique de ces terres révélées par Colomb (Colomb savait qu’il était sur un nouveau continent, Ojeda le reconnaît au procès de Séville). On est encore bien loin, faut-il le dire, du Nouveau Monde que dessinent les

diverses figurations d'aujourd'hui (Mais pas pour la représentation de l’Amérique, la carte de Martin, au moins pour la partie sud du continent américain est proche de la réalité).


Le cartographe Martin Waldseemüller réalise le travail. Un livret enfermant, en outre, un traité de géographie et la traduction latine (Amérigo écrit ses textes en italien, la traduction latine sera faite par « Monsieur La Joconde », le mari du modèle du célèbre tableau de Léonard de Vinci) des quatre récits d’Amérigo Vespucci, accompagnait la carte.


Dans cette Cosmographiae Introductio, le Gymnase Vosgien explique pourquoi il a choisi America comme nom de baptême du nouveau continent, « d'après l'homme sagace qui l'a découverte ».


« Ce n'est pas tout :la carte du monde, de même marine et, création sans précédent, une planche de douze fuseaux horaires permettant de constituer un globe terrestre, sont imprimées dans l'atelier conçu par Vautrin Ludd, toujours en cette faste année 1507. Tous les savants de l'Europe s'inspireront de ces travaux...


(Sauf ceux d’Espagne et du Portugal, puisqu’on ne connaîtra pas d’exemplaires dans ces pays, pourtant à la pointe des expéditions maritimes, et patrie de Vespucci !)


« J'ajoute que de cette manifeste erreur de reconnaissance et d'attribution, Amerigo Vespucci n'est en rien responsable, usurpateur malgré lui (Las Casas dit dans le procès des plaintes colombiennes que « Vespucci essaye de s’attirer la gloire d’autrui », dans ses lettres il parle de Colomb, peu il est vrai. On possède encore une lettre que Colomb envoya à Vespucci en 1505. Le livre de Vespucci est paru après la mort de l’Amiral.). Le duc eut-il envoyé au Gymnase une reproduction de la lettre que Christophe Colomb adressa, sitôt sa découverte, à Ferdinand et Isabelle, ses commanditaires royaux, l'Amérique, selon tout vraisemblance, se fut appelée Colombie. » (La lettre « Insula Inventis » de Colomb est connue depuis plus de quinze ans dans toute l’Europe, et particulièrement par les gens au fait des traversées atlantiques, comme René de Lorraine ou Waldseemüller ! De plus Colomb avait travaillé pour le Roi René, grand-père de René de Lorraine, il est impossible à l'époque que le Gymnase Vosgien ne soit pas au courant des traversées de Christophe.)


Plus loin, toujours sur le même site, Albert Ronsin dans « Découverte et Baptême de l’Amérique » :


« Pour la première fois au monde une représentation de toute la terre n'était plus réservée qu'à quelques souverains ou riches hommes d'affaires ; tous ceux qui le souhaitaient pouvaient acquérir cette grande carte dont mille exemplaires furent diffusés en moins de dix ans. A partir de 1507 la connaissance du monde devenait accessible à tous. » (Le politiquement correct déjà ? Cette carte fut envoyée dans toutes les cours européennes pour désinformer, elle disparaîtra de la circulation très vite, dès que Charles Quint héritera des possessions de ses grands parents paternels : de Maximilien, l’Empire et les territoires italiens, de Marie de Bourgogne, la Bourgogne et les Pays-bas, et de ses grands-parents maternels : Isabelle et Ferdinand, l’Espagne et les Indes… c’est par hasard qu’on redécouvrira cette carte trois cent cinquante ans plus tard !)


« Cette révolution de la connaissance, initiée à Saint-Dié-des-Vosges en 1507, (La carte ayant disparu, et « Martin ayant reconnu son erreur », c’est un autre cartographe qui fera la promotion du nom América, un Flamand : Gérard Mercator (1512 – 1594) est poursuivie à Saint-Dié-des-Vosges depuis 1990 au sein du Festival International de Géographie. »


Pour terminer avec ce sujet, signalons que cette commémoration du cinq centième anniversaire du « nom de l’Amérique », n’eut pas lieu en 2007, comme on aurait pu s’y attendre, mais en 2006... et cela, en toute discrétion !

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