Comment des découvertes récentes valident des légendes médiévales qui nous décrivent des faits vieux de 5000 ans sinon qu'en admettant qu'il existe des moyens de transmission traditionnels que nous ne maitrisons pas encore, la preuve avec les nouvelles recherches sur le monument de STONEHENGE.
A la suite de la publication de plusieurs articles dans la presse anglaise repris en France par le magazine GEO, j'avais il y a quelques mois posté sur ce blog un texte titré : Une voie romaine découverte au Pays de Galles.
L'auteur de la découverte, Mark Merrony de l'Université d'Oxford, s'étonnait en effet de trouver une voie romaine en un endroit qui n'avait jamais été fréquenté par les romains... ce qui, vous en conviendrez, était pour le moins surprenant.
Dans son article l'auteur ne se pose jamais la question de savoir si une autre civilisation aurait pu construire cette route, d'autant, et c'était mon argument principal, que des auteurs au douzième siècle parlaient déjà de cette route et que ces auteurs l'attribuaient à un peuple ayant précédé la civilisation romaine...
Lors de la présentation à la presse de son invention, Mark Merrony (ci dessus) mettait un peu sur le compte de la chance sa découverte :
"En avril et mai de cette année, ses recherches l'ont conduit sur les contreforts du Preselis où, au terme d'une journée d'exploration infructueuse, il a découvert un « chemin creux ».
« Plutôt découragé, il était temps de rentrer à la maison pour la journée, en empruntant le sentier qui descendait du côté ouest de Carn Bica et Carn Sîan quand j'ai soudainement remarqué ce qui semblait être une sorte de canal », a-t-il déclaré.
« En fait, j’ai vite compris qu’il s’agissait d’un chemin creux qui suivait une direction générale est-ouest. »
Après des jours d'exploration, durant lesquels il a suivi la route sur des kilomètres, le Dr Merrony est arrivé à la conclusion qu'il pourrait s'agir de la véritable Route d'Or, créée par les Romains pour le transport militaire et économique et basée sur l'empreinte d'une route beaucoup plus ancienne, qui pourrait remonter à la préhistoire."
Nous étions alors en juin 2022 (in Western Telegraph).
Le 13 novembre de cette année (2024), les raisons de la découverte se précisent... on apprend que le Dr Merrony a passé des années à rechercher le réseau routier romain, toujours dans le Western Telegraph :
"Dimanche soir, le Dr Mark Merrony du Wolfson College de l'Université d'Oxford a donné une conférence intitulée "Les Romains dans l'ouest du Pays de Galles : coercition ou coexistence".
Le Dr Merrony a passé des années à rechercher le réseau routier romain dans le nord du Pembrokeshire et a découvert la Via Julia, une voie romaine s'étendant de Porth Mawr (Whitesands) près de St Davids, à travers le sud des collines Preseli, jusqu'à Carmarthen."
Quelles sont les raisons qui permettent au docteur Merrony de changer totalement de version quand il détaille les évènements qui ont amenés à la découverte de cette "voie romaine" : un retour d'excursion chanceux ou de nombreuses années à rechercher une voie romaine ?
Le docteur Merrony admet que la route découverte, et qu'il identifiait comme étant une ancienne voie romaine, a pu servir aux hommes qui ont bâti Stonehenge...
La principale raison de ce changement s'appelle Mike Parker Pearson, archéologue spécialiste de Stonehenge, poilu, persévérant et pour tout dire génial ! Et Pearson ne travaille pas sur les voies romaines disparues, mais sur le monument de Stonehenge ! Mais c'est le travail de ce dernier qui va donner un autre relief à la "route romaine redécouverte" !
On sait depuis de nombreuses années (1923 - Herbert Thomas) que les pierres bleues de Stonehenge viennent de l'Ouest du pays, une zone du pays de Galles connue sous le nom de Preseli Hills. Il y a deux sortes de mégalithes qui composent l'ensemble de Stonehenge les pierres bleues donc qui sont plus petites (entre 1,2 t et 4,5 t) , et celles que l'on connait sous le nom de "sarsens", beaucoup plus grandes et plus visibles.
Les lieux d'où avaient été extraites les pierres en dolérite, élément qui donne aux pierres cet aspect bleu-vert, étaient également parfaitement identifiés, il s'agissait de deux affleurements sur le versant sud des collines de Presely d'où l'on sortait les pierres, qui ensuite dévalaient la pente jusqu'à la mer où elles étaient posées sur des radeaux qui les emmenaient à Stonehenge... ce moyen de transport semblait le plus logique et surtout réalisable avec les moyens de l'époque. De plus la position des carrières d'extraction localisées à proximité de la mer encourageait à croire que ce moyen de transport était celui utilisé :
Ce trajet, alambiqué mais "vraisemblable" fait 386 km, il est surtout vraisemblable, à l'époque, parce que l'on croit dur comme fer, que les carrières d'où sont sensées venir les pierres permettent un accès facile à la mer même si en plus de la difficulté inhérente au transport de lourdes charges s'ajoutaient les périls marins :
Un homme, Mike Pearson, archéologue spécialiste de Stonehenge ne va pas se satisfaire de cet état de choses, la question qu'il se pose est simple : Pourquoi des hommes préhistoriques se sont cassé la tête à transporter des pierres de si loin alors qu'ils pouvaient en trouver d'autres bien plus facilement, en supposant qu'ils souhaitassent à tout prix installer leur monument à Stonehenge ?
Cela n'avait pas de sens. Il décida de vérifier ce que l'on tenait pour acquis depuis longtemps, en premier lieu : la localisation des carrières d'extraction.
On l'a dit, c'est un nommé Herbert Thomas qui a déterminé l'origine des pierres éruptives qui composent une bonne partie des pierres de Stonehenge. mais il a travaillé sur le sujet en 1923, avec bien sûr les outils que l'époque proposait, Mike décida de procéder à la même étude, mais en se rapprochant du laboratoire de scintillographie atomique du Sussex. Richard Bevins, géologue aidé en cela par la technicienne Jane Evans, vont établir les "empreintes digitales" des minéraux composant et les pierres de Stonehenge et des deux carrières supposées de provenance, en faisant ressortir les pourcentages de zircon, de plomb et d'uranium de chaque pierre réduite en sable. Le verdict est sans appel : les pierres qui composent le cercle de Stonehenge ne proviennent pas des deux carrières jusque là identifiées !
Première découverte importante de Mike Pearson, les pierres bleues de Stonehenge ne viennent pas des carrières identifiées depuis de nombreuses années, ce qui remet en cause leur transport du pays de Galles jusqu'à Stonehenge.
C'est en consultant la base de données géologique du pays de Galles qu'assez rapidement Mike et son équipe déterminent, cette fois ci sans erreur possible, les nouveaux affleurements d'où on a retiré les pierres de Stonehenge, les sites sont situés plus au Nord, pas très loin des précédents, mais, et c'est important, de l'autre côté de la montagne, sur le versant septentrional, ce qui élimine définitivement la solution Terre / Mer que l'on croyait pertinente pour l'évacuation des pierres...
En noir les croix marquant les premières carrières supposées, sur le versant sud des collines, en jaune les croix localisant les carrières d'où viennent effectivement les pierres.
En plus d'avoir une correspondance entre les compositions des sables, Mike et son équipe retrouvent une carrière dont toutes les pierres n'ont pas été expédiées, posées les unes contre les autres elles semblent attendre qu'on les envoie vers leur destination finale, c'est bien la preuve que c'est de là que viennent les pierres bleues.
Il est à noter qu'à l'époque des fouilles de Mike Pearson, la "voie romaine" de Merrony n'est pas encore découverte, le transport des blocs jusqu'à Stonehenge est donc loin d'être résolu.
Grâce au travail des archéologues et des laboratoires spécialisés, on connait maintenant l'endroit exact d'où viennent les pierres, mais on n'a toujours pas d'idée quand à la raison qui les a fait extraire sur le territoire du pays de Galles pour les installer à plusieurs centaines de km de là et on ignore toujours le moyen utilisé par les bâtisseurs pour le transfert, puisqu'avec cette nouvelle localisation le transfert par mer doit être oublié.
Mike et son équipe, aidé en cela par Luke Winter, spécialiste en archéologie expérimentale, vont imaginer un moyen de transport (des traineaux de bois) qui permettrait d'évacuer les pierres, ils réalisent donc avec les moyens de l'époque des dispositifs qui selon toute vraisemblance permettaient l'expédition des mégalithes.
C'est en fabriquant ces traineaux préhistoriques que l'équipe de Mike va faire une découverte fondamentale, découverte qui permettra de mieux comprendre les motivations des bâtisseurs de Stonehenge et les raisons qui leur a fait faire des centaines de kilomètres avec leurs pierres...
Mais restons sur la découverte, chaque chose en son temps.
En fouillant autour de la carrière pour déblayer peut être des outils ayant servis à tailler les pierres, l'équipe d'archéologues découvre un foyer qui a servi aux tailleurs de pierres, et dans ce foyer ils retrouvent des débris d'amandes pas complètement calcinées. Ce qui leur permet de faire analyser au moyen du carbone 14, les fruits secs pour les dater... et quelle n'est pas leur surprise quand les résultats parviennent au chantier : les amandes sont plus vieilles de 400 ans que l'installation des pierres bleues de Stonehenge !
Des études poussées prouvent de manière irréfragable que les pierres bleues du Pays de Galles ont été extraites 400 ans avant d'être dressées à Stonehenge !
C'est une nouvelle donnée très importante dans l'avancée de la résolution de l'enquête.
Deux solutions, soit les pierres ont vraiment mis longtemps, très longtemps, pour arriver à destination, 20 générations de transporteurs
Soit elles ont attendu 4 siècles sur les lieux de la carrière, dans les collines galloises avant d'être expédiées vers la plaine de Salisbury, où se trouve le monument définitif de Stonehenge..
Dans les deux cas, cela n'a pas de sens, il y a forcément une autre solution.
Et c'est ici que le titre de l'article prend tout son sens : "La légende au secours de la science."
Revenons au douzième siècle :
Geoffroy de Monmouth, qui le premier a écrit l'histoire de la Grande Bretagne (et a parlé de la route redécouverte...), quand il évoque Stonehenge, il affirme que les pierres ont été amenées en Angleterre grâce à l'intervention de Merlin :"envoyez chercher dans une montagne d'Irlande appelée Killaraus, au lieu dit "Le ballet des géants" des pierres qui seront à même de par leur grandeur et leurs propriétés mystiques de blanchir vos âmes de ces meurtres. Lorsque vous les posséderez, disposez les en cercles autour de ce cimetière"
Le texte de Monmouth est clair, Merlin a amené un monument pas des pierres !
Bien sûr Mike Pearson connaissait la légende attachée aux pierres, mais il n'avait pas compris que ce n'était pas des pierres que Merlin avait amené d'Irlande (à cette époque l'extrême "Finistère" du pays de Galles était identifié à l'Irlande), mais un monument complet : le Ballet des Géants ! Geoffroy de Monmouth était précis dans son texte : "Le Ballet des Géants fut amené..." (voir plus bas le texte de Geoffroy de Monmouth qui évoque bien des pierres déjà taillées...)
L'évidence sauta aux yeux de Mike Pearson, le monument de Stonehenge avait d'abord été construit ici, dans les Presely Hills, ce monument avait servi pendant 400 ans au peuple bâtisseur, et pour une raison inconnue on avait décidé de changer le cercle de place... Il ne suffisait plus que de retrouver l'endroit précis où on avait construit le Ballet des Géants !
En tenant compte des éléments scientifiques dont il dispose et en se référant à des légendes médiévales, Mike Pearson arrive à la conclusion que le monument, calendrier astral, a d'abord été installé dans les collines de Presely, à proximité des carrières identifiées.
Mike était persuadé que le lieu d'édification ne devait pas se trouver bien loin des carrières.
L'opération fut loin d'être aisée, les fouilles durèrent plusieurs saisons et semblaient ne déboucher que sur des fausses pistes. On découvrait des trous ayant visiblement servis à recevoir des pierres dressées, mais selon Mike on devait retrouver l'empreinte d'un monument équivalent à celui de Stonehenge ! Une centaine de trous sur une circonférence de 110 m environ...
Puis vint le coup de chance que tout chercheur espère, la découverte d'un trou particulier, tellement particulier que Mike dès qu'il le vit, su qu'ils avaient découvert les traces du cercle original, du monument initial de Stonehenge !
Ils venaient de découvrir un trou en forme de trapèze qui possédait à 300 Km de là une pierre dont la base également en forme de trapèze s'adapterait exactement dans l'emplacement femelle !
Mike avait étudié le cercle de Stonehenge pendant des années, il le connaissait cercle comme sa pocket, il ne pouvait pas se tromper. La pierre en forme de trapèze qu'il avait étudié à Stonehenge avait d'abord été dressée dans le trou qu'il venait de découvrir ! On fit réaliser une pierre fictive possédant les caractéristiques et les dimensions de celles de Stonehenge et on l'amena à Presely Hills et on la présenta au dessus du trou...
La clef et la serrure ! The key and the lock !
On organisa d'autres études qui toutes confirmèrent que le site découvert était bien celui qui avait accueilli le premier monument. Ainsi Tim Finnard réalisa une datation très précise en étudiant la luminosité des grains de quartz trouvés au fond des trous initiaux qui correspondaient exactement à ceux que l'on trouvait sur les pierres de Stonehenge.
A partir du moment où l'équipe fut certaine d'avoir trouvé le premier maillon de l'ensemble, il fut assez facile de découvrir les autres trous qui reçurent les pierres qui servirent à composer le Ballet des Géants. On reconstitua le monument avec des pierres fictives et un archéo astronome, Clives Ruggles étudia la position des pierres par rapport au ciel et affirma que le monument initial était comme celui que l'on connaissait, un calendrier astral permettant de déterminer les solstices, équinoxes on en est certain, et peut être les éclipse...
Il était évident que des hommes avaient bâti au deuxième millénaire avant JC un monument mégalithique consacré au soleil (pratique ou cultuel ?) et que pour des raisons encore inconnues d'autres hommes (si l'on s'en tient au livre de Geoffroy de Monmouth) déplacèrent dans des conditions extravagantes ces milliers de tonnes de cailloux à l'autre bout du pays. Le monument déplacé avait été reconstruit exactement comme il avait été bâti : même pierres, mêmes azimuts, même orientation.
Nous avions plus d'informations grâce aux découvertes de l'équipe de Mike, mais l'explication ultime : pourquoi transporter ce monument à Stonehenge, et semble-t-il uniquement à là, ne trouvait pas de réponse...
L'allée du solstice
Le cercle de pierres bleues reconstitué avec l'allée qui se dirige vers le lever du soleil au solstice d'été, voilà comment devait se présenter Stonehenge à l'issue du transport de toutes les pierres bleues dans la plaine de Salisbury. (le monument tel qu'on le connait actuellement a été aménagé au cours des siècles, le premier Stonehenge ne se composait que des pierres bleues, comme le montre l'illustration ci dessus)
On a toujours cru que l'allée se dirigeant vers le lever du soleil (sur environ 150 m) avait été tracée par les constructeurs dans le même temps que le monument était réinstallé, or il y a peu un géologue a démontré que ce que l'on croyait être fait de la main de l'homme, n'était autre que des sillons glaciaires se dirigeant de manière tout a fait naturelle vers le lever du soleil et que cette composition calcaire qui datait de la dernière glaciation, avant qu'elle ne soit recouverte par des alluvions était apparente.
On peut donc penser que c'est en découvrant cette "avenue" naturelle qui se dirigeait tout à fait par hasard vers ce lever de soleil tellement important pour les peuples primitifs, qu'ils décidèrent de déplacer le Ballet des Géants, qui existait dans les collines de Presely, vers cette avenue primitive, incrustée dans la Terre, qui semblait faire partie de l'univers et qui leur montrait la voie...
Ci dessous l'allée orientée au Nord Est au solstice d'été, telle qu'elle devait se présenter 3000 ans avant JC et avant que l'on ne ramène le Ballet des Géants :
Alors, peut être n'est-ce pas la seule raison pour expliquer ce "grand déménagement", mais en tenant compte des éléments concrets découverts récemment par les différentes missions relatives à Stonehenge, on peut logiquement donner du crédit à cette explication concernant les motivations des bâtisseurs de Stonehenge : réaliser une union cosmique entre les hommes, la Terre et le Ciel symbolisée par ce monument qu'ils voulaient universel...
La légende
Diodore de Sicile (100 avant JC) est le premier à évoquer le monument de Stonehenge dans sa Bibliothèque Historique (Deuxième partie - Chapitre 47) : "On voit aussi dans cette île un bois sacré de toute beauté, ainsi qu'un temple magnifique de forme ronde et orné de nombreuses offrandes... Tous les dix neuf ans, quand le soleil et la lune retrouvent leur position l'un par rapport à l'autre, Apollon fait son entrée dans l'île... jouant lui-même de la cithare pendant la nuit, en conduisant des chœurs sans interruption depuis l'équinoxe de printemps jusqu'au lever des Pléiades."
Ce n'est donc pas une vue de l'esprit de romantiques modernes d'affirmer que cette destination astrale, déjà à l'époque des Augustes, était le théâtre de festivités importantes organisées autour du monument de la plaine de Salisbury.
Mais le premier qui va véritablement faire entrer Stonehenge dans l'Histoire, c'est Geoffroy de Monmouth, qui dans son "Histoire des Rois de Bretagne" (d'où viennent les éléments de la matière de Bretagne servant de base à la légende arthurienne) lie le monument aux premiers rois bretons, à Arthur, à Merlin :
"Un jour, le roi Aurelius revient à Salisbury où les princes avaient été massacrés. Pris de pitié il décida de leur ériger un mémorial grandiose. Il y méditait lorsque Merlin lui dit : "Si vous désirez obtenir le pardon de ces actes, envoyez chercher dans une montagne d'Irlande appelée Killaraus, au lieu dit "Le ballet des géants" des pierres qui seront à même de par leur grandeur et leurs propriétés mystiques de blanchir vos âmes de ces meurtres. Lorsque vous les posséderez, disposez les en cercles autour de ce cimetière." Le roi rit et répliqua : "Comment faire ? Ces pierres sont si grosses et proviennent d'une région si éloignée que mon peuple tout entier ne suffirait pas pour mener cette tâche à bien." Merlin rétorqua : "Ne riez pas ! Dans ces pierres il y a un mystère et elles contiennent une vertu capable de parer à ces difficultés. Anciennement des Géants les apportèrent du fin fond de l'Afrique."
Geoffroy de Monmouth écrit son livre au douzième siècle et il situe l'action au cinquième siècle de notre ère, pourtant il sait que les pierres viennent de l'Ouest du pays et il sait qu'elles font partie d'un ensemble gigantesque situé sur une colline (la danse des Géants ou l'anneau des Géants). C'est d'ailleurs en suivant le texte de Geoffroy de Monmouth que Herbert Thomas dans un premier temps identifia Presely comme étant le lieu d'extraction des pierres et que Mike Pearson détermina également qu'un premier monument avait précédé celui que l'on connait, toujours dans l'ouest du pays.
Même en considérant les dates de construction de Stonehenge les plus favorables (-2000 avant JC) et leur première mention documentée (douzième siècle) il s'est passé plus de 3000 ans entre les deux évènements ! Il faut alors admettre que seule une légende transmise par le bouche à oreille a pu faire le lien pour faire arriver l'information jusqu'à nous !
Revenons à la route
On rappelle que Mike Pearson n'a pas pu avoir l'information concernant la prétendue route romaine redécouverte dans les collines de Presely, cette route dont parle également Geoffroy de Monmouth dans son livre, mais lui, n'attribue pas sa construction aux Romains mais à un peuple plus ancien. Jacques de Guyse, lui attribue la construction de cette route anglaise aux "Belges" qui avaient déjà disposé le réseau des Chaussées Brunehaut dans les Plats Pays.
Ci dessus carte des Chaussées Brunehaut autour de Bavay avec les monuments mégalithiques encore existant au vingtième siècle (Travaux Desailly)
La route redécouverte par Merrony, passe aux pieds des carrières d'où on a extrait les pierres qui ont servies à construire le premier cercle de pierres au Pays de Galles, elle passe aussi à proximité immédiate de Stonehenge où on a réinstallé ce cercle de pierre !
Quand on oppose à Merlin, le problème du transport (le peuple n'y suffirait pas), il répond : "Dans ces pierres il y a un mystère et elles contiennent une vertu capable de parer à ces difficultés..." Ne peut-on y voir une référence à la route ?
Ne peut on imaginer que cette route a été bâtie à l'origine pour transporter les pierres plus facilement, d'autant que le texte de Geoffroy est précis, contrairement à certaines traductions modernes, quant aux moyens utilisés par Merlin pour aider à la logistique nécessaire au transport : "Ce n'est pas à l'aide d'une formule magique (comme dans d'autres mythes) que Merlin fit se déplacer les pierres, mais bien grâce à son ingéniosité (engine = machine) une machinerie de son cru" (Guy Druart - Le Ballet des géants - 1975).
Les hommes de Stonehenge s'aperçoivent qu'une avenue solaire naturelle existe dans la plaine de Salisbury, ils décident d'y amener un ancien monument mégalithique se trouvant dans le pays de Galles, manière d'associer les ancêtres à la Terre, au Soleil et à l'Univers, et pour amener la centaine de pierres monumentales choisissent pour régler ce problème logistique de construire une route qui facilitera leur travail...
Le nom de Merlin.
Marie-Henri d'Arbois de Jubainville, (1827 - 1910), est un historien celtologue qui s'est intéressé aux textes de Geoffroy de Monmouth et qui dans les Questions Historiques du 01/07/1868 s'attache à savoir si Merlin était un personnage réel.
Alors, il n'est pas question de commenter l'article de Mr d'Arbois, fouillé et documenté mais de nous arrêter sur un des éléments constitutifs de l'enquête menée par l'historien : l'étymologie du nom de Merlin. Pour spoiler l'article, le rédacteur arrive à la conclusion que Merlin n'est pas un personnage réel...
Selon d'Arbois le nom de Merlin lui viendrait d'une ville : "Cette ville, Maridunum sous l'empire, devint Caïr Merdin ou Caer Myrddyn en gaélique, ce qui voulait dire la ville de Merdin ou la ville de Myrddyn..."
C'est dans cette ville que les envoyés du roi découvrirent l'enfant qui devait sortir le pays du marasme dans le quel il se trouvait. et d'Arbois de conclure sur ce sujet : "Ce nom de Merdin ou Myrddyn fut écrit de nombreuses manières, chez Geoffroy de Monmouth, on lit Merlin."
Cette ville se nomme actuellement CAERMARTHEN et se trouve exactement sur la voie "romaine" redécouverte, entre les carrières d'où on a extrait les pierres et la situation géographique du monument actuel.
"Si vous vous trouvez au Pays de Galles, vous ne pouvez pas manquer le Sarn Helen, une ancienne route romaine qui serpente à travers le cœur du pays. Cet itinéraire historique relie Aberconwy au nord à Carmarthen à l'ouest... tandis que d'autres portions sont encore identifiables grâce aux traces résiduelles. Associée à la figure de Sainte Hélène de Caernarfon... on raconte que c'est elle qui a ordonné la construction de ces routes au IVe siècle." On retrouve avec Ste Hélène, la légende de Brunehaut reine neustrienne qui construit les Chaussées Brunehaut.
La Chaussée qui permis aux hommes de Stonehenge de transporter leurs pierres passait par la ville de Merlin... que l'on soupçonne d'avoir lui même initié cette route !
La route des Flamands - The Flemische way
L'inventeur de la route romaine redécouverte, Mark Merrony précise dans son rapport (traduction google) :
"Le Dr Merrony a passé des années à étudier le système de voies romaines dans le nord du Pembrokeshire et a découvert la Via Julia, une voie romaine qui s'étend de Porth Mawr (Whitesands) près de St Davids, en passant par le sud des collines de Preseli, jusqu'à Carmarthen. (supposée ville à l'origine du nom de Merlin)
"Il a expliqué comment la piste préhistorique, connue plus tard sous le nom de Voie flamande, était également utilisée par les Romains, plusieurs sections montrant encore des signes de construction romaine."
"Le Dr Merrony écrit que cette route est probablement la voie flamande mal nommée, à laquelle les premiers historiens faisaient référence mais qui est antérieure à l'arrivée des Flamands dans le comté.
« Est-ce ancien ? Il semble certainement antérieur à l’arrivée des Flamands au début du XIIe siècle », a-t-il déclaré."
Texte original :
"Dr Merrony has spent years researching the Roman road system in north Pembrokeshire and discovered the Via Julia, a Roman road stretching from Porth Mawr (Whitesands) near St Davids, through the south of the Preseli Hills, to Carmarthen.
He explained how the prehistoric track, later known as the Flemish Way, was also utilised by the Romans, with several sections still showing signs of Roman construction."
La Voie Flamande
Cette route, qui serait selon son inventeur, romaine malgré le fait que les romains n'aient jamais été repéré de ce coin de l'Angleterre, est peut être "the flemish way" route très ancienne qui avait été mal nommée ainsi à cause du roi Henry I, le fils de Guillaume le Conquérant qui aurait fait venir des flamands pour l'aider dans sa conquête du Pays de Galles... Sa mère Mathilde de Flandre, épouse aimante de Guillaume le Conquérant et fille du comte de Flandre, née à Bruges avait du servir d'intermédiaire pour faire envoyer un ost outre Manche.
Mais selon les avis de nombreux historiens, cette identification (la voie flamande) est très tardive et ne concerne en rien les soudarts flamands qui vinrent guerroyer au douzième siècle pour le compte des descendants normands de Guillaume... D'autant que l'on possède des éléments documentés qui prouvent qu'avant l'arrivée de Guillaume on appelait déjà cette voie, route des flamands...
"...et sur cette chaîne élevée passait l'ancienne Via Flandrica , ou « voie flamande », une voie romaine qui a obtenu cette appellation par la supposition erronée qu'elle avait été construite par les Flamands, qui s'étaient installés dans cette partie de la principauté sous les règnes d'Henri Ier et II." (tiré du Dictionnaire topographique de Lewis du Pays de Galles (1833)
"Parallèlement à cette route et à environ quatre milles au nord de celle-ci, se trouve la route appelée Ffordd Fleming (voie flamande en gallois), latinisée en Via Flandrensica ou Flandrica. Elle longe le sommet de la montagne Prescely (lieu d'extraction des pierres bleues de Stonehenge), suivie d'une limite paroissiale sur six milles, et continue le long des sommets des collines vers l'est jusqu'aux frontières du Carmarthenshire (ville de Merlin) sous le nom de Hên Ffordd (vieille route). Elle descend en pente douce vers le sud de Foel Eryr, à l'ouest de Prescely, et peut être suivie jusqu'au nord de Letterston. Selon Fenton, on pourrait la suivre jusqu'au promontoire de St. Davids (fin de la route selon Geoffroy de Monmouth et Wase), et il décrit correctement son aspect sur la plus grande partie de sa longueur comme celui d'un chemin creux, ou d'une ancienne voie peu fréquentée ; bien qu'il dise qu'au sud de Foel Eryr, des portions pourraient « être distinctement tracées à différentes étapes, d'un fossé ouvert au pavage surélevé parfait à travers un sol meuble »... il s'agit probablement d'une route plus ancienne, utilisée, et peut-être améliorée par endroits, par les Romains (1903, Thomas Codrington - Roads in Britain)
Il est évident que cette voie est la même que celle évoquée par Geoffroy de Monmouth et Wase, textes que nous avons déjà relevés :
"Mais surtout (Belinus) a ordonné que les villes et les routes qui menaient à la ville profitent de la même paix que Dunvallo avait établie: mais une discorde s'éleva au sujet des routes, car on ne savait pas par quelles villes elles étaient délimitées. Le roi, voulant lever toute ambiguïté de sa loi, convoqua donc tous les ouvriers de toute l'île ; et il ordonna de construire une route de ciment et de pierres, qui couperait la longueur de l'île depuis la mer de Cornoubie jusqu'à la côte de Cathènes, et conduirait aux villes qui étaient dans la ligne droite.
Il en ordonna aussi d'en faire une autre dans l'étendue du royaume, qui s'étendait de Maenenia des remparts au-dessus de la mer Démétique jusqu'au port de Hamon, jusqu'aux villes bâties dans le duché."
Il ne fait aucun doute, les trois auteurs (Quatre si l'on considère Lucius de Tongres) Jacques de Guyse, Wace et Geoffroy de Monmouth parlent de la même route : celle qui relie Haustone à Maenenia. Elles sont données comme étant droites, pavées et reliant les mêmes villes. (Saint David est d'ailleurs cité comme étant sans doute le point d'arrivée de la route découverte par l'archéologue Merrony)
La voie Flamande et Lucius de Tongres
On sait que cette route a également été décrite dans le livre de Jacques de Guyse, selon lui c'est le fils du constructeur des Chaussées Brunehaut, qui lors d'une conquête de l'Angleterre a demandé à ce que l'on construise ces voies :
"Bruno, à l'exemple de Brunehulde, fit construire et paver des routes royales dans toute l'étendue du pays. Elles partaient de la mer de Cornouaille, et aboutissaient à celle de Cathnesse. Il fit aussi tracer une autre route dans le sens de la largeur de l'île, et qui, de la ville de Menenia, située sur la mer Démétique, s'étendait jusqu'à Portsmouth , et conduisait en droite ligne aux villes comprises entre ces deux extrémités. Dans la suite des tems , ces routes ont été, dit-on, réparées par un roi de Bretagne." (référence au texte de Geoffroy de Monmouth)
On sait que Jacques de Guyse, qui écrit au quatorzième siècle, s'inspire d'auteurs plus anciens comme Nicolas Rucléri ou Lucius de Tongres qui eux écrivent au douzième siècle ! Et la partie qui concerne les routes est tirée d'un texte de Lucius de Tongres, le flamand !
Difficile de n'y pas voir un rapport entre le texte de Lucius qui affirme que ce sont ses concitoyens qui ont érigé cette route et l'appellation qu'on lui donne dès avant le règne de Henry I !
On peut donc penser, sans tomber dans un délire ésotérique échevelé, que les Chaussées Brunehaut sont reliées directement au monument de Stonehenge par l'intermédiaire des constructeurs de routes du néolithique !
Le plus grand mystère restant d'expliquer comment ces faits, que l'on date au mieux du deuxième millénaire avant JC, soient arrivés aux oreilles d'auteurs du douzième siècle ! Existait-il un texte ancien qui aurait pu servir de source à Geoffroy de Monmouth et à Lucius de Tongres pour qu'ils puisse rapporter l'histoire de ce peuple extraordinaire dont nous n'avons d'autres informations que par les routes et les pierres qu'ils dressèrent dans nos régions ! Mais il existe obligatoirement un moyen de transmission entre les bâtisseurs et les auteurs du douzième siècle !
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